Monday, April 12, 2010

Le retour en force de Osbat al-Ansar


Des braises incandescentes se consument sous la cendre du camp de Ain el-Helweh, victime dernièrement de bouleversements politiques successifs.

La confrontation le 15 février dernier entre des islamistes appartenant au mouvement radical de Osbat al Ansar - fondé par Hisham Chreidi dans les années 80 et aujourd’hui dirigé par Abou Tarek-ayant causé la mort d’une femme palestinienne, a fait naître de nombreuses interrogations au sein de l’armée Libanaise. « Pour la première fois depuis des années, les corps d’élite de l’armée ont dû être déployés près de deux semaines durant, autour du camp de Ain el Helweh», commente une source militaire s’exprimant sous couvert d’anonymat.

Les commandements des forces d’élite ont donc mis en place un plan d’intervention dans l’éventualité d’une dégradation de la conjoncture sécuritaire, à l’intérieur du camp. « Les obstacles que l’armée serait amenée à surmonter dans le cadre d’une telle opération militaire sont nombreux. Le camp de Ain el Helweh héberge de nombreux combattants et repris de justice, recherchés par la police libanaise, qui se battraient à mort, si un combat se déclarait entre les Palestiniens et l’armée libanaise », souligne la source militaire. Cette dernière estime que le camp de Ain el Helweh dispose de nombreux bunkers et passages souterrains ayant résisté aux diverses invasions et bombardements israéliens, un atout de plus en faveur des Palestiniens. « La topographie du terrain avantage cependant l’armée, le camp de Ain el-Helweh se trouvant dans une plaine surmontée par une colline où se situe le camp de Miyeh Miyeh, position relativement facile à occuper », déclare l’officier.

La situation entre le Fatah et Osbat al-Ansar est telle que la milice dépendant de l’Autorité palestinienne a été contrainte, le mois passé, de se replier autour des positions de l’armée, situées aux alentours du camp, affirme l’officier libanais. « La situation dans le camp est devenue inquiétante, bien qu’elle se soit nettement calmée la semaine passée depuis l’intervention de la classe politique Saidaouite », signale la source militaire. En effet la discorde s’est temporairement apaisée depuis la médiation initiée par le député sunnite du Courant du Futur Bahia Hariri, du mufti de Saida et du Hezbollah chiite.

« La montée en force du Osbat al-Ansar est aujourd’hui une réalité », explique la source militaire. « Lors des derniers combats qui ont eu lieu entre le Fatah et la mouvance islamique, nous avons observé dans cette dernière, un nombre grandissant de combattants tous armés d’un matériel coûteux et perfectionné. Ils semblent également posséder une quantité de munitions importantes, ce qui n’était pas le cas par le passé », dixit la source.

Les militants seraient également mieux formés au combat que les membres du Fatah Palestinien. En effet les combattants du Fatah exercent un autre métier pour la plupart, tel chauffeur de taxi ou maraîchers. Ils sont moins bien entraînés que les islamistes et ne disposent pas d’autant d’équipement militaire. « Les plus féroces militants de Jound el Cham - le mouvement jihadiste salafiste palestinien se revendiquant de Fatah al Islam, un groupe terroriste ayant combattu l’armée libanaise en 2007- ont rejoint les rangs de Osbat al Ansar, depuis le démantèlement de leur cellule », raconte l’officier.

L’écartement, par l’Autorité palestinienne, de Mounir Maqdah, commandant du Kifah Moussalah, considéré comme une pierre angulaire de la sécurité du camp ne présage rien de bon et pourrait sans doute causer une nouvelle vague d’attentats. Et les déchirements que connaît le Fatah peuvent laisser libre court à l’hégémonie grandissante de Osbat al Ansar. Mona Alami, Mars 2010 Publié dans Magazine

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