Friday, March 19, 2010

Wikileaks, un site anonyme publiant des rapports confidentiels, représente « une menace potentielle » pour l’armée américaine.


Créé et financé par des journalistes, des quotidiens, et des militants de la liberté d'expression, dont Ralph Nader, ancien candidat à la présidence américaine d’origine libanaise, Wikileaks est un site gratuit, accessible à tous. Il permet à « des taupes » de poster des documents hautement confidentiels, souvent liés à des scandales politiques ou financiers, portant donc atteinte à la sécurité des compagnies internationales et des gouvernements. Un document de 33 pages, préparé en 2008 par le service de contre-espionnage de l'armée américaine se penche sur le fonctionnement de ce site, et les risques qu’il peut entraîner pour les Forces américaines sur le plan national et international.

Il est estimé que Wikileaks représente « une menace potentielle » pour l'armée américaine : les documents publiés sur le site révèlent des informations secrètes, pouvant être utilisées par des services de renseignement étrangers et des organisations terroristes. Le site pourrait être également manipulé à des fins de propagande, par des groupes indépendants ou des états. Le rapport se termine sur une recommandation aux militaires de poursuivre les informateurs et de décrédibiliser Wikileaks. De nombreux pays comme la Chine, Israël, la Russie et la Corée du Nord ont choisi de bloquer l’accès à ce site.
http://wikileaks.org/

Wednesday, March 17, 2010

Les Emirats Arabes Unis se sont hissés au rang de quatrième importateur d’armes au monde ?


C’est ce qu’a révélé un rapport publié le Mardi 16 Mars, par l’Institut de recherche pour la Paix de Stockholm. Le Moyen Orient représenterait ainsi près de 17% des transferts d’armes internationaux pour la période de 2005 à 2009. La Chine est en tête des transferts avec 9%, l’Inde avec 7%, la Corée du Sud avec 6%. Les Emirats Arabes Unis occupent donc la quatrième place avec 6% des ventes mondiales.

Tuesday, March 16, 2010

François Bassil, PDG de la Byblos Bank :«Nous sommes prêts à refinancer la dette»

Le Dr François Bassil, président de la Byblos Bank, l’une des plus importantes institutions financières du Liban, a fait part, récemment, des réticences du secteur bancaire à poursuivre le financement de la dette publique, déclaration qui a provoqué bien des remous. Magazine revient sur le sujet alors que l’examen du budget 2010 est à l’ordre du jour.

Q-Les banques libanaises financeraient près de 58% de la dette publique. Quel danger représente pour elles l’augmentation du risque souverain et comment se reflèterait-t-il sur leur notation dans l’éventualité d’une dégradation du contexte politique?

Les banques libanaises sont des entreprises d’intérêt public qui fonctionnent avec des dépôts publics et sont soumises à des règlementations rigides. Elles jouent donc un rôle primordial dans l’économie et nous tenons à ce que ce secteur demeure en excellente santé! Les banques ont un client majeur, l’Etat, qui est, par définition, très solvable et absorbe aujourd’hui près de 55% de leurs moyens financiers; sa santé est donc une priorité. Nous avons aujourd’hui atteint un pourcentage de crédit à l’Etat que nous ne pouvons pas dépasser. Nous sommes, toutefois, prêts à reconduire le financement de cette dette jusqu’à l’amélioration de l’état de santé de notre client. Evidemment! Une dégradation du risque souverain se répercuterait sur la dette…

Q-De nombreux économistes ont critiqué l’augmentation significative du budget 2010, critiques que vous semblez partager, notamment pour ce qui est de l’augmentation des taxes. Quels sont les points faibles de ce projet de budget? L’absence de réformes est-elle l’une des préoccupations majeures du secteur bancaire?

Nous ne disposons toujours pas de chiffres précis relatifs au budget de 2010, mais je crois savoir que l’augmentation des dépenses ordinaires est de l’ordre de 2 000 milliards de livres libanaises. L’Etat libanais doit faire un grand effort pour remédier à son déséquilibre et mettre fin à la dilapidation des revenus publics. Un autre effort doit être entrepris pour réformer les finances du gouvernement, notamment par des mesures d’austérité et la rationalisation des dépenses. Dans le secteur bancaire, nous sommes prêts à financer les projets d’infrastructure d’intérêt public qui pourraient être ainsi attribués au secteur privé. Mais bien sûr il faut avant tout adopter des mesures de réforme et l’établissement d’une administration probe et active, reposant sur des organismes de contrôle efficaces. Pour ce qui est du secteur de l’électricité, le déficit de l’EDL a atteint 2 300 milliards de livres libanaises l’année passée. Les banques sont prêtes à trouver des investisseurs et à lever les deux ou trois milliards de dollars nécessaires à la refonte du secteur, je n’utilise pas le mot privatisation dans ce cas, mais de concession, type BOT (Build, Operate, Transfer) avec des actifs qui reviendraient à l’Etat après une certaine période. Le gouvernement s’obstine cependant à investir directement, en attendant de voir plus tard! Je crois que près de 80% des Libanais sont en mesure de faire face à une augmentation des coûts de l’électricité, d’autant que la plupart d’entre eux ont recours à des distributeurs privés. Mis à part le secteur de l’électricité, des économies doivent être réalisées au niveau des différents ministères. En 2009, les recettes totales ont connu une croissance de 25%, rapidement absorbée par l’augmentation des dépenses. La hausse des impôts est évidemment destinée à éviter une aggravation de la dette mais nous sommes d’avis que les dépenses ne doivent pas être augmentées, mais rationnalisées.

Q-Le Premier ministre Saad Hariri a inscrit dans le budget 2010 de nombreux projets de développement, ce qui contribue en partie à gonfler le déficit, estimé à quatre milliards de dollars. Vous avez fait part des réticences du secteur bancaire à financer ce déficit par l’achat de bons de Trésor. Quels seraient les autres outils économiques à la disposition du gouvernement?

Je suis favorable à des dépenses d’investissements mais, encore une fois, certaines réformes entreprises par l’Etat pourraient passer par le secteur privé, comme je l’ai énuméré plus haut. Et cela pour éviter d’alourdir la dette. En effet, les prêts prévus par la conférence de Paris III, bien qu’avantageux, restent tout de même des prêts.


Q-Le financement massif de la dette par les banques libanaises se répercuterait-il négativement sur leur expansion à l’étranger ainsi que sur le niveau de crédits qu’ils accorderaient aux entreprises?

Jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’impact direct sur le crédit accordé aux entreprises par les banques libanaises, en raison de l’augmentation substantielle du niveau des dépôts l’année précédente, qui était de l’ordre de près de 20%, alors que les crédits au secteur privé ont connu une croissance de 14%. Il n’y a donc pas assez de projets privés, notamment en raison de certains obstacles administratifs. Les trois milliards de dollars d’investissements étrangers reçus par le Liban en 2009 se sont orientés pour la plupart vers le secteur immobilier qui n’est pas un secteur producteur d’emplois. Ces investissements sont aussi très inégaux à travers les régions libanaises. Cependant, il est certain que l’excédent dont jouissent les banques libanaises, en partie grâce à la confiance de nos clients libanais et étrangers, favorise notre expansion à l’étranger et la stabilité politique va encourager les investissements étrangers au Liban.

Q-Le divorce à l’amiable du duo Audi-Hermes est-il le reflet de la politique de la Banque centrale qui verrait ainsi d’un mauvais œil toute fusion entre les banques libanaises et des institutions étrangères?

Pas nécessairement. Il est vrai que dans le cas où une société étrangère tente d’imposer sa politique de crédit à une banque libanaise, la banque centrale se doit d’intervenir, afin de protéger les intérêts des épargnants libanais. Il se peut aussi qu’un désaccord sur la stratégie d’expansion à adopter ait entrainé cette décision.

Q-De moins en moins d’opérations de fusions-acquisitions ont lieu sur le marché local qui est dominé par de grandes banques parfaitement déployées sur l’intégralité du territoire. Quelle valeur ajoutée peuvent apporter de petites institutions aux banques Alpha?

Je crois que le scénario le plus probable résiderait dans une consolidation du secteur avec des opérations de fusion entre les petites banques, ce qui permettrait une facilitation des opérations de tutelle et une plus grande concentration du secteur. Le ralentissement des opérations de fusions peut, sans doute, être attribué à la structure même des banques libanaises, pour la plupart des banques familiales, dont les propriétaires craignent une dilution de leur pouvoir. Mais un jour, il n’y aura plus de succession possible ce qui favorisera les opérations de fusion. Il devient également de plus en plus coûteux de gérer une banque, notamment pour ce qui est de l’apport des nouvelles technologies et du capital humain ainsi que du risque de gouvernance, ce qui pourrait favoriser également la tendance. Pour les banques importantes, ce type de fusion avec de petites institutions représente peu d’intérêt.

Q-La banque Byblos a récemment annoncé l’ouverture d’une nouvelle succursale à Bagdad. Quelles opportunités représente le marché irakien, toujours très instable, pour les banques libanaises?

L’Irak représente un marché extrêmement prometteur, c’est une économie considérable de près de 30 millions d’habitants qui dispose des deuxièmes réserves de pétrole au monde. Une fois sa stabilité assurée, l’Irak offrira d’énormes opportunités aux banques étrangères étant donné que le secteur reste très fractionné et sous capitalisé. Nous collaborons depuis très longtemps avec l’Irak. Nous avons ouvert une branche à Irbil et une autre à Bagdad et nous prévoyons prochainement l’ouverture de deux autres succursales, l’une dans la ville de Najaf et l’autre à Bassora. Propos recueillis par M. A. pour Magazine du 12 Mars 2010.

Saturday, March 13, 2010

Les choix d’Israël: attaquer l’Iran, ou faire la paix avec la Syrie, selon Patrick Seale, spécialiste britannique du Moyen-Orient


De passage au Liban pour le lancement de son nouveau livre Riad el-Solh: la lutte pour l’indépendance, Patrick Seale, journaliste britannique et spécialiste du Moyen-Orient, a accordé une interview à Magazine consacrée à la situation politique au Liban et dans l’ensemble de la région.

Q-Quelle est votre analyse de la politique étrangère du président américain Barack Obama, surtout sur la question du Moyen-Orient? Pensez-vous qu’elle sera plus efficace que celle adoptée sous le mandat du président George Bush?
R-Je crois que tout le monde a été déçu par le président Barack Obama, porteur de grands espoirs au lendemain de son élection à la présidence américaine. Il a été certainement distrait par ses problèmes domestiques et l’obstruction systématique de ses initiatives politiques moyenne-orientales par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Ses premières décisions portant sur la région ont été de nommer George Mitchell (l’envoyé spécial pour le Proche-Orient) et de demander le gel de la colonisation israélienne des territoires occupés. Mais cette dernière initiative s’est avérée impossible. Pour ce qui est de la guerre contre le terrorisme, Obama a fini par adopter la même stratégie que son prédécesseur, en étendant le champ de la lutte. Il a également tendu la main à l’Iran, mais cette approche n’a pas été couronnée de succès. Pour sa défense, on peut dire qu’il n’en est toujours qu’à sa première année de mandat présidentiel. Il a donc toujours la possibilité de renverser la tendance, mais je crois cela peu probable, en raison de la forte contestation de l’establishment américain.

Q-Quels sont les puissances régionales qui ont su le mieux tirer profit de ce changement de la politique américaine?
R-Il faut admettre que deux puissances moyennes-orientales ont été particulièrement actives dernièrement: en premier lieu la Turquie, qui a lancé une grande offensive de paix tout en se rapprochant de la Syrie, du Liban, de l’Irak et de l’Iran. Elle a également rejeté toute action militaire contre ce dernier pays. C’est l’unique puissance militaire qui soit bien perçue en Afghanistan et c’est le pays qui a servi de médiateur pour les négociations entre Israël et la Syrie. La seconde puissance que l’on pourrait citer est le Qatar, qui a négocié les accords de Doha ainsi que ceux conclus entre le Soudan et le Tchad, concernant la région du Darfour.

Q-Pensez vous qu’une attaque israélienne contre l’Iran soit vraiment possible? La situation au Moyen-Orient est-elle aujourd’hui aussi dangereuse qu’on serait tenté de le croire?
R-La situation est en effet très volatile: les Israéliens tentent de provoquer une attaque contre l’Iran. Je crois qu’ils prévoiraient de mener une action contre l’Iran qui entraînerait une riposte de ce dernier visant les bases américaines dans le Golfe. La situation est donc très sérieuse, les pays du Golfe étant sur la ligne de feu. Les Israéliens ont aujourd’hui l’impression que leur hégémonie dans la région est en danger. Alors que, durant ces dernières soixante années, les pays arabes n’ont pu contenir la puissance d’Israël, la montée de certains acteurs non-étatiques, comme le Hamas et le Hezbollah d’une part, ainsi que de l’Iran, d’autre part, a permis de modifier la balance des forces au Moyen-Orient. Israël pourrait dont tenter de s’extraire de cette situation soit par une attaque contre l’Iran, ou bien en faisant la paix avec la Syrie.

Q-Quel est le danger d’une guerre entre Israël et le Liban?
R-Une guerre est toujours extrêmement difficile à prévoir. Celle de 2006 a démontré les limites de la défense d’Israël qui a toujours eu pour politique de mener la guerre en territoire ennemi, ce qui n’a pas été le cas lors du dernier conflit (le territoire israélien a en effet été bombardé par le Hezbollah, ndlr). Il se peut, cette fois, que la Syrie et l’Iran interviennent dans l’éventualité d’un nouveau conflit, car ils se trouveraient en danger. Toutefois, pour ces pays, le Hezbollah demeure la ligne de première défense. Netanyahu préfèrerait certainement garder le statu quo actuel, ce qui pourrait cependant s’avérer difficile pour lui. En effet, Israël se trouve sous pression depuis l’assassinat de Mahmoud Mabhouh (un haut responsable du Hamas, ndlr) à Dubaï et le scandaleux siège de Gaza, deux événements qui ont particulièrement terni son image. Les Israéliens sont aussi obsédés par l’Iran et par son programme nucléaire, que personne ne semble pouvoir arrêter. Ils tentent donc d’influencer la communauté internationale, mais inévitablement le Hezbollah fait partie de la défense iranienne.

Q-Dans quelle situation se trouve le Hezbollah aujourd’hui au Liban? Est-il le grand gagnant de la lutte de pouvoir ayant suivi l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri?
R-Le Hezbollah et ses alliés, notamment le Courant patriotique libre (CPL), sont une force dominante au Liban. Depuis que le Liban a réussi à atteindre une certaine stabilité politique, les autres factions ont dû apprendre à gérer cette nouvelle réalité. Il est néanmoins certain que l’idée selon laquelle le Liban pourrait être utilisé contre la Syrie a dû être abandonnée.

Q-Que pensez-vous des articles parus dans certains médias étrangers faisant état d’une possible expansion des activités du Hezbollah en Egypte et au Yémen? Croyez-vous que la lutte secrète opposant le Hezbollah à Israël ait remplacé, pour le moment du moins, l’éventualité d’une guerre conventionnelle?
R-Ces accusations sont peu crédibles: la lutte du Hezbollah contre Israël est avant tout nationale, c’est un mouvement qui est né de l’oppression subie par les habitants du Liban-Sud. Par ailleurs, il est scandaleux que l’Egypte se soit alignée sur Israël en bloquant les tunnels connectant Gaza à l’Egypte, un pays qui était le bastion du nationalisme arabe. La guerre souterraine a de tout temps été pratiquée par Israël qui, dans les années soixante-dix, avait recours au terrorisme étatique pour poursuivre ses ennemis.

Q-Quel est l’état des relations libano-syriennes, aujourd’hui, et comment le régime de Damas perçoit-il le Liban?
R-Les relations qu’entretiennent ces deux pays se sont certainement assainies récemment. La Syrie et le Liban sont deux pays indépendants, unis par des liens familiaux et des intérêts économiques communs. Le dicton ne dit-il pas après tout: un peuple, deux nations? Le divorce entre la Syrie et le Liban ne saurait donc avoir lieu et Damas ne peut, en aucun cas, tolérer un gouvernement hostile si près de sa capitale.

Q-On dit que la tutelle syrienne sur le Liban a été progressivement remplacée par une coalition syro-iranienne et arabe, depuis le retrait syrien…
R-En effet, la carte politique bouge constamment. Mais la relation entre la Syrie et l’Iran date de plus de trente ans, alors que les liens du Liban à la Syrie sont vieux de centaines d’années. Nous avons assisté à la montée de la communauté chiite qui a supporté le poids de l’occupation et constitue un élément important de la mosaïque libanaise. Mais le Liban a toujours été une sorte de mosaïque…

Q-Quel symbolisme attacher à la réunion de Damas entre le président iranien Mahmoud Ahmadinajad, le président syrien Bachar al-Assad et le chef du Hezbollah sayyed Hassan Nasrallah?
R-Le message est on ne peut plus clair: les participants à cette conférence ne peuvent être utilisés les uns contre les autres et la Syrie ne peut accepter un traité de paix séparé. Propos recueillis par Mona Alami( Magazine 12 Mars 2010)


Encadré
Patrick Seale est un journaliste de renommée internationale, spécialiste des questions du Moyen-Orient. Il a rédigé de nombreux ouvrages dont Assad de Syrie: La lutte pour le Moyen-Orient et une biographie d’Abou Nidal, un dissident du Fateh qui s’est rendu célèbre pour ses opérations terroristes. Né en Irlande, il a fait ses études au Collège Saint-Antoine d’Oxford. Il a par la suite travaillé pour l’agence de presse Reuters et le quotidien britannique The Observer.

Wednesday, March 10, 2010

« Les ennemis d’hier sont les alliés de demain »

La Montagne Druze est en effervescence : Walid Joumblat visite régulièrement les villages les plus reculés à l’occasion des enterrements des membres de sa communauté, chose inhabituelle pour le leader, qui par le passé, se cantonnait aux familles les plus illustres. On attribue ce soudain regain d’intérêt par la prise de conscience de Joumblatt d’un affaiblissement de sa popularité, en raison de l’abandon des principes indépendantistes, qu’il avait prônés depuis 2005. Lors de sa dernière visite à la région du Metn, il aurait conseillé à certaines grandes familles de voter pour son nouvel allié du Courant Patriotique Libre, le général Michel Aoun.
Publié dans Magazine le 5 Mars 2010