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Monday, April 12, 2010

Le retour en force de Osbat al-Ansar


Des braises incandescentes se consument sous la cendre du camp de Ain el-Helweh, victime dernièrement de bouleversements politiques successifs.

La confrontation le 15 février dernier entre des islamistes appartenant au mouvement radical de Osbat al Ansar - fondé par Hisham Chreidi dans les années 80 et aujourd’hui dirigé par Abou Tarek-ayant causé la mort d’une femme palestinienne, a fait naître de nombreuses interrogations au sein de l’armée Libanaise. « Pour la première fois depuis des années, les corps d’élite de l’armée ont dû être déployés près de deux semaines durant, autour du camp de Ain el Helweh», commente une source militaire s’exprimant sous couvert d’anonymat.

Les commandements des forces d’élite ont donc mis en place un plan d’intervention dans l’éventualité d’une dégradation de la conjoncture sécuritaire, à l’intérieur du camp. « Les obstacles que l’armée serait amenée à surmonter dans le cadre d’une telle opération militaire sont nombreux. Le camp de Ain el Helweh héberge de nombreux combattants et repris de justice, recherchés par la police libanaise, qui se battraient à mort, si un combat se déclarait entre les Palestiniens et l’armée libanaise », souligne la source militaire. Cette dernière estime que le camp de Ain el Helweh dispose de nombreux bunkers et passages souterrains ayant résisté aux diverses invasions et bombardements israéliens, un atout de plus en faveur des Palestiniens. « La topographie du terrain avantage cependant l’armée, le camp de Ain el-Helweh se trouvant dans une plaine surmontée par une colline où se situe le camp de Miyeh Miyeh, position relativement facile à occuper », déclare l’officier.

La situation entre le Fatah et Osbat al-Ansar est telle que la milice dépendant de l’Autorité palestinienne a été contrainte, le mois passé, de se replier autour des positions de l’armée, situées aux alentours du camp, affirme l’officier libanais. « La situation dans le camp est devenue inquiétante, bien qu’elle se soit nettement calmée la semaine passée depuis l’intervention de la classe politique Saidaouite », signale la source militaire. En effet la discorde s’est temporairement apaisée depuis la médiation initiée par le député sunnite du Courant du Futur Bahia Hariri, du mufti de Saida et du Hezbollah chiite.

« La montée en force du Osbat al-Ansar est aujourd’hui une réalité », explique la source militaire. « Lors des derniers combats qui ont eu lieu entre le Fatah et la mouvance islamique, nous avons observé dans cette dernière, un nombre grandissant de combattants tous armés d’un matériel coûteux et perfectionné. Ils semblent également posséder une quantité de munitions importantes, ce qui n’était pas le cas par le passé », dixit la source.

Les militants seraient également mieux formés au combat que les membres du Fatah Palestinien. En effet les combattants du Fatah exercent un autre métier pour la plupart, tel chauffeur de taxi ou maraîchers. Ils sont moins bien entraînés que les islamistes et ne disposent pas d’autant d’équipement militaire. « Les plus féroces militants de Jound el Cham - le mouvement jihadiste salafiste palestinien se revendiquant de Fatah al Islam, un groupe terroriste ayant combattu l’armée libanaise en 2007- ont rejoint les rangs de Osbat al Ansar, depuis le démantèlement de leur cellule », raconte l’officier.

L’écartement, par l’Autorité palestinienne, de Mounir Maqdah, commandant du Kifah Moussalah, considéré comme une pierre angulaire de la sécurité du camp ne présage rien de bon et pourrait sans doute causer une nouvelle vague d’attentats. Et les déchirements que connaît le Fatah peuvent laisser libre court à l’hégémonie grandissante de Osbat al Ansar. Mona Alami, Mars 2010 Publié dans Magazine

Sunday, January 31, 2010

Tensions à Aïn el-Héloué : dissensions au sein du Fatah et infiltration d’al-Qaïda ?


Infiltration d’al-Qaïda, dissensions au sein de la rue palestinienne, le camp de réfugiés de Aïn el-Héloué, au Liban-Sud, semble cristalliser tous les dangers guettant le Moyen-Orient.

Des coups de feu secouent le camp de Aïn el-Héloué. Dans les rues étroites où quelque 70000 personnes survivent difficilement, confrontés quotidiennement à la violence et la pauvreté, les réfugiés palestiniens vaquent à leurs occupations comme si de rien était.
Un adolescent explique à un chauffeur de taxi libanais qui semble affolé par l’accrochage. «Cela se passe assez loin d’ici», signale-t-il, en indiquant une bifurcation à droite menant au siège du Fatah, à quelques dizaines de mètres de là. Le chauffeur de taxi rétorque par un mouvement de la tête fataliste. «On s’en remet à Dieu», dit-il tout en poursuivant son chemin.
Au-delà du barrage de l’armée chargé de filtrer les voitures et des véhicules se frayant un passage au ralenti sur les chemins de terre, la cacophonie des fusils reprend de plus belle. «La dispute a débuté entre deux jeunes lors d’un jeu de flipper», explique Mounir Maqdah, responsable des milices du Fatah dans le camp. Hajj Maher Oueid, chef du courant islamique d’Ansar Allah, tout en minimisant la portée de l’accrochage, précise que ce dernier a opposé un militant du Fatah et des Ahbach, une mouvance islamique.

Pas d’étrangers dans le camp
A l’intérieur de Aïn el-Héloué, dans le vieux souk, des commerçants, désœuvrés, assis devant leurs étals commentent l’incident par un haussement d’épaules. «La situation s’est calmée dernièrement, il est vrai que quelques incidents ont lieu ça et là, résultant généralement des conditions de vie difficile mais ils ont été exagérés par les médias libanais», insiste Jawad, propriétaire d’un magasin de meubles. «Contrairement aux rumeurs colportées par les médias, nous n’avons pas observé un afflux d’étrangers dans le camp», ajoute-t-il. Son voisin Mohamad Barhoum nie avoir observé une recrudescence dans l’activité des courants islamistes.
Les témoignages des deux hommes font référence aux déclarations du responsable du Fatah au Liban, le général Sultan Aboul Aynayn. Dans une entrevue à la presse, il a déclaré que des parties étrangères cherchaient à attiser les tensions dans les camps de refugiés et y introduire des extrémistes, notamment en provenance de l’Irak. Aboul Aynayn a indiqué que des mesures avaient été prises pour empêcher le réseau al-Qaïda d’accéder aux camps palestiniens. Le responsable a averti qu’il n’allait pas permettre une réédition du conflit de Nahr el-Bared à Aïn el-Héloué. «Nos camps ne serviront plus de base pour régler les comptes de n’importe quel pays ayant intérêt à maintenir le Liban en état de crise et en faire une source des troubles au Moyen-Orient», a-t-il ajouté.

Jund al-Cham ressuscité
Des accrochages armés ont éclaté également la même semaine entre des militants du Fatah et des islamistes, appartenant au groupuscule Jund al-Cham durant lesquels divers types d’armes ont été utilisés. «Un membre de Jund al-Cham a pris pour cible une position du Fatah et nos militants, il est vrai, ont eu une réaction disproportionnée à l’attaque, nous avons cependant pris des mesures fermes contre les protagonistes des deux bords», affirme Maqdah. Le responsable palestinien a également assuré que le groupuscule de Jund al-Cham n’a plus d’existence à Aïn el-Héloué, la plupart de ses membres ayant quitté le camp pour des pays occidentaux.
Différentes factions se partagent le territoire de Aïn el-Héloué. Néanmoins, alors que par le passé la présence dans les artères du camp de miliciens de tous bords, l’arme au poing, était monnaie courante, elle se concentre apparemment aujourd’hui autour des positions du Fatah, aux grandes intersections. Les jeunes militants de Jund el-Cham, armes à la ceinture, reconnaissables à leurs jeans ou treillis et chemises noires, parfois agrémentées d’une photo de Abou Horeira (un des «martyrs» de Fateh al-Islam) ont disparu. Des hommes en djellaba saoudienne ou revêtus du Selwar et Kamiz, l’habit traditionnel pakistanais, sans armes, circulent dans les environs des mosquées de Safsaf et de Tawarik, abritant respectivement les sièges des mouvances de Osbat el-Ansar et de la Haraka Islamiya Mujahida.
Une source au sein du camp affirme toutefois que des éléments armés se sont manifestés dans les rues du camp, lors des dernières nuits de l’année, information confirmée par un officier de l’armée qui s’est exprimé sous condition d’anonymat. «Des hommes masqués ont érigé des barrages la veille de Noël», a confirmé la source. Cette dernière a ajouté que de nombreux individus, mis à part Mounir Mezian dont l’arrestation a largement été couverte par les médias, avaient été appréhendés dans le cadre du démantèlement d’un réseau terroriste. Ce membre de Fatah al-Islam est accusé d’avoir participé au financement et au ravitaillement en armes de la mouvance islamiste.
Pour certaines factions palestiniennes, ce n’est cependant pas le danger émanant d’al-Qaïda qui est le plus pressant, mais celui né de la discorde entre Abbas Zaki et Sultan Aboul Aynayn. La dissension aurait notamment entraîné la liquidation de nombreux membres de Jund el-Cham, l’attentat contre la mosquée de Cheikh Jammal Khattab et…l’assassinat de Kamal Medhat. Ce dernier, adjoint au représentant de l’OLP au Liban, a été tué avec deux autres Palestiniens par l’explosion d’une bombe de 20 kilos placée à la sortie du camp palestinien de Miyé-Miyé. Selon une source politique palestinienne, la commission d’enquête aurait exigé l’audition de trois membres de la sécurité de Sultan Aboul Aynayn, mais en vain, ces derniers n’ayant toujours pas comparu. La source aurait même nommé le chef de la sécurité d’Aboul Aynayn dans l’attentat contre Medhat.
Le général Mounir Maqdah, également chef de la Lutte armée à Aïn el-Héloué, insiste sur le fait qu’aucun étranger ne peut être résident dans le camp sans qu’il en soit immédiatement informé. Quoi qu’il en soit, les déchirements que connaît la rue palestinienne ne laissent rien présager de bon pour l’avenir de Aïn el-Héloué et des autres camps.



Encadré

TITRE-Les groupes islamistes

- Osbat el-Ansar et Ahbash
Ce groupe fondamentaliste palestinien qui se rattache à la mouvance salafiste, aurait été fondé par Hisham Chreidi dans les années 80. Abou Mohjin, de son vrai nom Ahmad el-Saadi, en aurait repris le commandement par la suite, avant d’être condamné par contumace pour l’assassinat de cheikh Nizar el-Halabi, chef du mouvement Ahbash, autre groupe islamiste. Depuis la disparition d’Abou Mohjin, son frère Abou Tarek aurait pris les rênes du parti. En 1999, des miliciens d’Osbat el-Ansar auraient abattu quatre juges, en pleine ville de Saida, à ce jour ils n’ont toujours pas été arrêtés.

- El Haraka el-Islamiya

Ce mouvement salafiste a été fondé par cheikh Jamal Khatab, imam de la mosquée el-Nour dans le fief islamiste Tawarik, situé en plein cœur de Aïn el-Heloué. Cheikh Jamal adhèrerait à l’interprétation d’un islam pur comme au temps du prophète.
Mona Alami, paru dans Magazine le 22/01/10

Thursday, January 14, 2010

Sur le prochain champ de bataille


Dans les bunkers de la Résistance

Depuis le déploiement des forces de la Finul au sud du fleuve du Litani après la guerre de 2006 avec Israël, le Hezbollah, à l’instar des fedayin palestiniens avant lui, a recentré ses efforts sur les rives nord du Litani, dans la région de Jabal Safi qui rattache le Sud- Liban à la grande plaine de la Bekaa. Visite inédite dans des bunkers de la Résistance.

Une carrière abandonnée émerge de l’étroite vallée, protégeant des regards une plaine verdoyante, appelée familièrement par les habitants du village limitrophe de Arab Salim «el-sahel el-akhdar». A l’entrée de la carrière, une tasse de thé est posée sur la table en plastique, abandonnée sans doute par un gardien qui se fait invisible.
Une rivière desséchée traverse le petit ravin qui git en contrebas de la carrière. Une vielle habitation en pierre jaune se dessine entre les buissons touffus; elle abrite un ancien moulin relié au lit de la rivière par une conduite en pierre vétuste. C’est dans cette vallée au paysage presque idyllique, si ce n’était pour les restes de pancartes déchiquetées indiquant la présence de mines, que certaines rumeurs font état d’un possible établissement du Hezbollah dans les anciennes positions de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP).
Partout le silence règne en maître absolu, rompu de temps à autres par un ronronnement continu provenant du ciel, où les drones israéliens s’activent en permanence, photographiant cette région d’une importance névralgique pour Tel-Aviv. Des cadavres d’animaux gisent à terre, déchiquetés, peut-être par l’explosion de mines. Dans l’habitation abandonnée, un drapeau palestinien a été peint sur les murs jaunis, ses couleurs délavées par le temps attestant du passage de l’OLP dans la région, mais nulle trace du Hezbollah.
«C’est plus haut, plus au nord du Wadi (étroite vallée) que les Palestiniens avaient construit leurs bunkers dans la montagne», indique Kassem Nazr, un fermier de Arab Salim qui cultive des terrains dans le secteur tout en pointant la main en direction d’un ravin qui se prolonge à la droite de la carrière.

Inter-La montagne creusée
Le fermier indique l’entrée d’un bunker creusé par les fedayin de l’OLP, ces soldats palestiniens à qui l’accord du Caire avait accordé le droit de combattre Israël depuis le sol libanais, jusqu’à l’invasion israélienne en 1982.
«C’est d’ici que les Palestiniens combattaient Israël, dans les années soixante-dix», s’exclame Kassem Nazr. Dans l’étroite vallée, quatre bunkers semblent transpercer horizontalement la montagne. «Ils avaient entre 10 et 15 mètres de profondeur et étaient équipés de lits et alimentés en eau courante», raconte Nazr. «Les fedayin trouaient la roche en y plaçant des bâtons de dynamite, afin de creuser la montagne», se souvient-il. Au dessus d’une large grotte artificielle, dont l’entrée est à quelques mètres de profondeur bloquée par un éboulis, de petits trous sombres ponctuent la roche blanche.
«Les soldats israéliens ont détruit la plupart de ces bunkers lors des invasions successives du Liban afin d’éviter leur éventuelle utilisation par la Résistance», insiste M. Nazr. L’une après l’autre, les entrées menant aux tunnels ont été soigneusement dynamitées, à l’exception d’une seule grotte qui semble avoir échappé au regard des soldats israéliens. Son ouverture béante, masquée par d’énormes buissons, laisse son usage par le Hezbollah peu probable.
C’est plus haut dans le Mont Safi aux environs du Mont Soujoud, du prophète du même nom, que le Hezbollah a décidé de se retrancher après le déploiement de la Finul aux frontières avec Israël, à la fin de la guerre de juillet.
Des chabab, les militants du Hezbollah revêtus d’habits sombres, la barbe bien taillée, sillonnent les villages en motocyclette, en surveillant les déplacements d’étrangers à la région. Des routes nouvellement asphaltées serpentent la montagne, traçant des zigzags ne menant semblerait-il nul part, se terminant parfois dans des bois sombres…
C’est sur ce terrain abrupt que se dessine le nouveau front de la guerre avec Israël. «Le terrain est plus rude au nord du fleuve du Litani, entre les villages de Nabatié et de Jezzine en remontant jusqu’au village de Niha, ce qui avantage le Hezbollah d’un point de vue militaire. En effet ce secteur peut être difficilement atteint par avion ou par tank», explique le professeur et ancien général Amine Hoteit, spécialiste en stratégie militaire.

Une armée invisible
Toute guerre, estime le professeur, dépend de plusieurs éléments tels que la capacité des protagonistes, la durée du conflit et la topographie du terrain. Et dans cette région, la topographie imposerait de nombreuses contraintes aux troupes israéliennes, dans l’éventualité d’un conflit, forçant ainsi les soldats à se déplacer par voie de terre ou par hélicoptère, les rendant ainsi plus vulnérables aux attaques des combattants du Hezbollah, qui eux, ont une connaissance profonde des étroits Wadis. De plus, la dépendance de l’armée israélienne aux hélicoptères, conjuguée à la capacité accrue du Hezbollah qui se serait équipé en missiles sol-air, donnent libre cours à tous les scénarios.
En prévision d’une nouvelle guerre, les combattants du Hezbollah ont creusé de profonds tunnels, tout comme les Palestiniens avant eux, leur permettant de se fondre dans la nature telle une armée invisible.
Mais c’est une fois de plus sur ce terrain situé au nord du Litani qu’Israël va sans doute s’embourber dans le cas où ses troupes seraient forcées à pratiquer une offensive terrestre, insiste le professeur. «Le nord du Litani présente un autre avantage aux yeux du Hezbollah, puisqu’il lui assure, en raison de sa proximité de la capitale et de la Bekaa, un ravitaillement plus facile», explique-t-il.
L’analyste Amal Saad Ghorayeb, elle, ne croit pas qu’une éventuelle guerre se limitera au secteur nord du Litani. «Croyez-vous vraiment que la guerre puisse avoir lieu uniquement dans cette région? A mon avis, ce sera une guerre plus globale durant laquelle la Finul se retirera de ses positions actuelles», soutient-elle.
Contrairement aux autres guerres entre le Liban et Israël, le prochain conflit «sera une guerre éclair d’une violence extrême», analyse le professeur Hoteit. Le spécialiste explique qu’Israël choisira sans doute une approche rapide au conflit afin de court-circuiter la levée de boucliers de la communauté internationale que susciterait une telle guerre aux conséquences humaines désastreuses. «La doctrine de Dahié, qui serait sans doute adoptée par les Israéliens, laisse également envisager un conflit court et particulièrement violent», ajoute-t-il. Saad Ghorayeb croit en une coordination entre le Hamas et le Hezbollah, lors d’une éventuelle guerre, une thèse également soutenue par le professeur Hoteit. «L’ouverture de deux fronts affaiblirait certainement Israël», commente-t-il. «De plus Hezbollah a promis une infiltration d’Israël par les membres du Hezbollah, dans son récent discours», ajoute Saad Ghorayeb. Mona Alami pour Magazine

Thursday, September 3, 2009

Fateh al-islam veut renaître de ses cendres


Des ruines du camp palestinien tripolitain de Nahr alBared, détruit en 2007 par l’armée à la suite de violents combats avec la mouvance islamiste de Fateh alislam, émerge un nouveau groupuscule terroriste regroupant des nationaux arabes, des Palestiniens et des Libanais.
Le 22 juillet, le procureur militaire inculpait 17 personnes pour avoir formé un groupe armé accusé de fomenter des attaques terroristes contre des responsables politiques, des civils et l’Armée libanaise. La page de Nahr alBared ne semble pas tournée, puisque certains membres de cette cellule islamiste appartenaient au groupe de Fateh alislam, vaincu par la troupe en septembre 2007. «Cette mouvance aurait planifié des opérations visant l’armée, la Finul ainsi que des figures politiques comme Nader Hariri (conseiller du Premier ministre désigné, Saad Hariri) et le député Sami Gemayel du parti Kataëb», affirme une source appartenant aux services de renseignements libanais. D’anciens jihadistes «La franchise alQaïda», c’est ainsi que ces nouveaux groupes sont définis. Ils adhèrent à l’idéologie d’Oussama Ben Laden, dont le mouvement n’a toutefois jamais directement revendiqué d’attentats terroristes au Liban. Ces groupuscules sont souvent dirigés et financés par des cheikhs provenant des pays arabes, mais c’est un Syrien, Munjid elFahham, qui cette fois est arrêté à l’aéroport de Beyrouth. «Les hommes de main étrangers sont recrutés parmi les anciens combattants arabes ayant fait leurs armes en Irak, en Tchétchénie ou en Afghanistan. Ils pénètrent dans le pays par les frontières libano syriennes poreuses, comme celle de la région de Qoussaya, dans la Békaa», commente la source. Qoussaya abrite une base militaire du Front populaire pour la libération de la Palestine Commandementgénéral (FPLPCG), une organisation prosyrienne dirigée par Ahmad Jibril. «Les étrangers appartenant à la cellule étaient sous surveillance dans leur pays d’origine, et nous avons été informés de leur arrivée à Beyrouth par les services de renseignements arabes, européens ou amé ricains, selon les cas». D’autres membres sont enrôlés localement parmi les Libanais ou les factions palestiniennes qui émanent, dans ce cas précis, de groupuscules palestiniens préconisant une interpré tation radicale de l’islam, comme Jund alCham, Fateh alislam ou Osbat alansar. Près de quatre membres de la cellule démantelée par l’armée seraient des réfugiés palestiniens, arrê tés dans les camps de Chatila, à Beyrouth, et de Aïn alHelwé, dans le Sud. AbdelGhani Ali Jawhar, AbdelRahman Awad et Oussama Amine Chéhabi seraient toujours en fuite. «Awad serait le nouvel émir de Fateh alislam, alors que Jawhar s’est fait un nom après les attentats commis contre l’armée à Tripoli en 2008», précise la source. Un autre Palestinien, un dénommé Hamad, est pointé du doigt par l’armée pour avoir participé à la planification des attentats. Il aurait rencontré Jawhar en juin pour discuter de leur mission, dans le quartier de Bramiyé, à Saïda. Le nom de Hamad est récurrent dans les annales des services de renseignements, puisqu’un Palestinien portant le même nom est, selon la presse, accusé en janvier d’avoir formé le Jihad pour la victoire de Gaza, une faction soupçonnée d’avoir voulu attaquer l’ambassade d’Egypte à Beyrouth, accusations dont Hamad s’était défendu lors d’une précédente entrevue avec Magazine. «La cellule terroriste démantelée aurait utilisé une femme de la famille Moghrabi pour passer des mes sages et de l’argent aux membres du groupe», explique la source. Ce n’est pas la première fois que des terroristes se servent de «passeurs» à l’allure inoffensive: en 2008, lors de l’attentat contre l’Armée libanaise à Tripoli, ils avaient eu recours à des enfants d’une dizaine d’années pour transporter les explo sifs. MONA ALAMI
DES GROUPES MANIPULÉS Une source militaire bien informée affirme que la dernière cellule islamiste «a pu être appréhendée car, pour le moment, la situation ne se prête pas à l’instabilité sécuritaire». Mais dans la plupart des cas, ces groupes sont manipulés par certains mouvements politiques».(Publié dans Magazine-Août09)

Wednesday, September 2, 2009

L’affaire Youssef Chaaban

Accusé de l’assassinat du premier secrétaire de l’ambassade de Jordanie au Liban dans les années 90, un meurtre dont il n’était pas coupable, Youssef Chaaban, gracié le lundi 13 juillet par le président Michel Sleiman, est devenu un symbole pour de nombreuses familles de détenus palestiniens dont un père, un frère ou un cousin croupissent toujours en prison sans jugement.

Le 19 octobre 1994, Chaaban était condamné à la prison à perpétuité par la Cour de Justice. Huit ans plus tard, deux personnes accusées du même crime étaient arrêtées et condamnées en Jordanie. «La Cour de Justice a refusé de réviser le procès, le jugement jordanien émanant d’une cour étrangère», explique Chaaban.
D’autres réfugiés palestiniens n’ont pas la même chance, et les familles des détenus sont nombreuses à faire la queue devant les murs de la prison de Roumié. L’établissement pénitencier, qui n’a qu’une capacité de 1400 places, abrite près de 4000 prisonniers. Adnan Kadi, un Palestinien du camp tripolitain de Beddawi, s’y rend deux à trois fois par semaine. Son frère Jihad y est détenu dans le bâtiment réservé aux membres de Fateh al-islam, la nébuleuse terroriste ayant combattu l’Armée libanaise en 2007, dans le camp de Nahr al-Bared. «Mon frère a été arrêté depuis près de quatre mois. Il est accusé, près deux ans après les événements, d’être venu en aide à des blessés du groupuscule terroriste», signale-t-il.
Pour faire le voyage jusqu’à Roumié, Adnan dépense près de 100 dollars, une fortune dans un pays où le salaire minimum est de 300 dollars. «Dieu est grand; j’ai pu me permettre cette dépense jusqu’à présent. Ce n’est cependant pas le cas pour les autres familles de prisonniers», raconte-t-il.

Manque de suivi judiciaire

Kassem Hage Ahmed a été libéré sous caution depuis près d’un mois. Cet adolescent de 17 ans a vécu près de deux ans à Roumié. «Il a été libéré en raison de son mauvais état de santé; il avait été blessé, ayant été bloqué dans le camp lors des combats. Par la suite, il a également été torturé lors des interrogatoires», déclare son père le Dr Loutfi, membre du Comité des familles des prisonniers de Nahr al-Bared. «Près d’une trentaine de réfugiés palestiniens, n’ayant jamais fait l’objet de poursuites judiciaires, sont détenus depuis la guerre de 2007», s’insurge-t-il.
Selon une source gouvernementale, le nombre de prisonniers palestiniens liés à Fateh al-islam serait de 75. «Ces individus sont détenus sur la base de l’article 108 du Code pénal qui laisse au juge la liberté des délais dans le cadre de crimes contre l’Etat», commente le docteur en droit Paul Morcos. Un délai qui, selon les règles de droit, doit cependant être raisonnable. «Dans le cas où il n’existe pas de présomptions sérieuses contre un prisonnier, l’Etat doit le libérer», explique Paul Morcos qui souligne, toutefois, la gravité des crimes liés à la guerre de Nahr al-Bared. Il ajoute que, dans de nombreux cas, cette détention arbitraire résulte d’un manque de suivi de la part des institutions judicaires. La source gouvernementale, elle, souligne la dépendance des délais de détention, de l’investigation en cours.
Mais pour les prisonniers palestiniens, la détention arbitraire, partagée par d’autres détenus de diverses nationalités, n’est pas le seul fardeau à porter, la torture étant une pratique courante. «Il y a très certainement une discrimination à l’encontre des Palestiniens; il faut cependant apprendre à allier la raison d’Etat aux droits de l’Homme», répond Morcos. Pour la source gouvernementale, il n’y a pas discrimination, puisque le traitement des prisonniers et l’application de l’article 108 sont les mêmes, quelle que soit leur nationalité.
Mais dans un pays où la politique gangrène la raison d’Etat, les détenus étrangers n’ont pas voix au chapitre, à moins de jouir d’une couverture politique. Mona Alami ( Magazine, publié le 24 -7- 2009)