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Friday, February 4, 2011

Majdal Anjar: Bastion salafiste sous haute surveillance


Majdal Anjar est soumise à un véritable siège. Depuis l’agression contre un convoi de l’Armée libanaise par un résidant du village, qui a fait deux morts parmi les militaires, cette localité de la Békaa, réputée pour ses sympathies radicales, est sous haute surveillance. Au cœur des tensions, de jeunes militants.

«Les salafistes radicaux? Il y en a une trentaine résidant dans le village, principalement des jeunes aux prétentions salafistes et vouant une admiration à al-Qaïda», affirme un cheikh de la Békaa sous couvert d’anonymat. Désœuvrés, rêvant des plaines de l’Irak, ils imposent leur règne par la terreur. Certains d’entre eux s’illustrent même par des faits d’armes. En effet, en fin d’année écoulée, à la suite de la retransmission d’un documentaire sur les salafistes de la Békaa par la station émiratie el-Aan, ils s’attaquent au cheikh salafiste Adnan Oumama qui avait exprimé des critiques à leur encontre, en lui faisant exploser sa voiture.
Mais l’hostilité s’installe aux confins de vallée de la Békaa, là où s’élèvent les montagnes de l’anti-Liban, en séparant le pays du Cèdre de la Syrie. Durant le mois d’octobre, un dénommé Darwich Khanjar, un abaday (un homme fort du village), également connu pour ses tendances radicales, est appelé à la rescousse par le frère d’un déserteur, recherché par l’Armée libanaise. Selon certaines sources du village, Khanjar aurait pris d’assaut un convoi de l’armée patrouillant la région; l’attaque se solde par la mort du commandant Abdo Jasser et du sergent Ziad el-Mayss qui tombent sous une pluie de balles.

Ce n’est toutefois pas la première fois que ces jeunes militants se font remarquer. En 2008, plusieurs habitants du village suspectés d’appartenir à une mouvance radicale sont arrêtés. Au nombre de ces derniers figurent Tarek Abdel-Fattah Baydoun, un étudiant en biochimie, son frère et deux autres résidants de Majdal Anjar. Ils auraient été impliqués dans la préparation d’attentats contre les Casques bleus de l’Onu stationnés au Liban-Sud.
Les habitants accusent l’armée de laxisme. «Les forces de l’ordre n’interviennent généralement que trop tard», se plaint le cheikh. Darwich Khanjar aurait été connu des services de renseignement bien avant son attaque contre l’armée. «Il formait les adolescents au maniement des armes, en prêchant un discours fondamentaliste. On l’apercevait souvent entrant dans la mosquée du village, une arme ou des grenades accrochées à sa ceinture, mais personne ne s’est jamais interposé», souligne-t-il.
Il s’agirait d’une jeunesse sans repère, manipulée par des services de renseignement, murmure-t-on dans le village. Les habitants accusent ces mêmes services d’avoir exagéré et exploité la filière radicale lors des événements de mai 2008. A la suite des affrontements entre sunnites et chiites à Beyrouth, ces mêmes militants masqués bloquent le point de passage entre Le Liban et la Syrie en signe de protestation. «Ils ont été bien vite oubliés par leurs supporters», signale le cheikh, en faisant allusion au camp du 14 mars, alors majoritaire dans le gouvernement. Dans ce village sunnite de près de 25000 habitants, la majorité de ces derniers se veulent supporters du Courant du futur, à l’exception de quelques membres du Baas pro-syrien et du Parti syrien national social (PSNS).
D’autres personnalités du village comme Ali Abdel-Khalek, un des fondateurs avec le cheikh Ramzi Daychoum du mouvement Musulmans sans frontières, adoptent un discours plus nuancé. «La menace de ces jeunes est amplifiée par les médias. Al-Qaïda n’existe pas dans le village», dixit Abdel-Khalek. L’islamiste se dit toutefois inquiet de la trop grande pression exercée par l’armée sur les habitants du village. «Cela fait deux mois qu’ils encerclent Majdal Anjar, les habitants commencent à s’impatienter, cela ne va faire qu’aggraver la situation. Les gens des alentours se sentent en quelque sorte abandonnés et marginalisés par les autorités», observe-t-il.
Un témoignage confirmé par le cheikh qui s’exprime sous couvert d’anonymat. «Il se peut que certains de ces jeunes adhèrent à la pensée d’al-Qaïda, ils consultent sans doute les sites radicaux et s’inspirent de leurs idées, sans pour autant les mettre en œuvre. Ce mouvement n’a pas de structure dans la Békaa», insiste le cheikh.

Illusions perdues
Cette jeunesse militante pourrait-elle éventuellement s’impliquer dans les remous dont le Liban serait victime dans le cas d’une accusation du Hezbollah par le Tribunal spécial pour le Liban? «J’en doute fort pour le moment. La vague d’instabilité qui pourrait frapper le Liban, ne se répercuterait pas pour autant sur la rue salafiste», explique Abdel-Khalek.
Les habitants du village seraient sortis désabusés des événements de mai 2008 et ne seraient, selon l’analyse du cheikh, pas près de répéter l’expérience. «Je ne vois personne s’engager dans une quelconque action militaire, les gens se sentent floués et ont perdu leurs illusions», signale le cheikh. Ce dernier ajoute que les événements du camp de Nahr al-Bared, détruit par l’armée dans des combats sanglants avec le groupe radical de Fateh el-islam, auraient servi de leçon à tous les islamistes. «Ils ont compris qu’une telle situation peut entraîner des conséquences désastreuses pour toute la rue islamiste».
Le seul danger résiderait toutefois dans l’action isolée de certains individus aux sympathies fondamentalistes qui opéreraient de manière totalement indépendante. «Mais cette action serait limitée et sans grande envergure», estime le cheikh. Mona Alami pour Magazine

Monday, April 26, 2010

Zarqa:Berceau du salafisme jordanien



La ville jordanienne de Zarqa défraie la chronique internationale depuis déjà des années. En effet, c’est dans cette ville que des de nombreux salafistes, prônant un islam plus radical, sont nés. Le plus illustre portait le nom d’Abou Missaab al-Zarqaoui. Aperçu.

Occupant un territoire triangulaire, se prolongeant de la capitale jordanienne Amman jusqu’à la frontière saoudienne, Zarqa, la ville «bleue», est un paysage minéral façonné par des blocs de gravas, semblant se reproduire à l’infini. Dans cette cité de près d’un million d’habitants, les femmes sont entièrement voilées de la tête aux pieds. De temps à autre, des femmes revêtues de la burqa noire (un vêtement atypique dans ce pays qui pratique un islam modéré) les doigts recouverts de longs gants sombres, circulent dans la rue, accompagnées d’hommes en salwar Qamiz. Ce vêtement, un ensemble pantalon-chemise longue, est l’habit préféré des islamistes pakistanais et des salafistes qui se revendiquent d’un islam pur.
«C’est dans les années 80 que le mouvement salafiste du Tabligh wa Daawah, (L’appel à l’islam) apparaît dans les rues de Zarqa», déclare le professeur Mohammed Masri du centre d’études stratégiques à l’Université jordanienne. Ce courant est concomitant à la guerre d’Afghanistan contre l’Union soviétique (1979-1989) qui constitue une page tournante dans l’inconscient collectif islamiste. «Le Salwar Qamiz remplace alors graduellement l’habit bédouin dans cette région», explique le professeur Masri.
L’invasion de l’Irak par les forces américaines en 2003, radicalise la rue arabe. Zarqa n’échappe pas à la poussée des extrémistes qui trouvent un terreau fertile dans cette ville ouvrière à grande concentration palestinienne et fortement marginalisée. Abou Missaab al-Zarqaoui, commandant d’al-qaïda en Mésopotamie et né Ahmad Fadil al-Nazal al-Khalayleh, endosse la responsabilité des attentats simultanés de trois hôtels à Amman en 2005, qui font 54 morts. Zarqaoui tient son nom de la ville bleue dont il est originaire. Mais il n’est pas le seul jordanien accusé de terrorisme, à être natif de cette région. En effet, Humam Khalil Abu-Mulal al-Balaawi, l’auteur de l’attentat suicide du 30 décembre 2009, ayant causé la mort de neuf personnes sur une base américaine en Afghanistan, est lui aussi, originaire de Zarqa. Al-Balaawi, jeune médecin jordanien, devient après l’invasion américaine de l’Irak un fervent supporter d’al-Zarqaoui, avant de se convertir à l’islam Jihadiste. Le médecin de 32 ans est engagé par les services de renseignements jordaniens pour espionner les moudjahidins au Waziristan (zone tribale pakistanaise) et en Afghanistan. Chargé de rencontrer des agents de la CIA en Afghanistan, il décide, après avoir consulté le conseil de la Choura d’al-qaïda, de venger la mort de Zarqaoui dans un attentat suicide, le 30 décembre 2009.

Selon une étude entreprise en 2006, près de 30% des habitants de Zarqa, interrogés après la mort d’Abou Missaab al-Zarqaoui, auraient considéré la mort du terroriste comme «une mauvaise chose». «Près de 5% à 7% de ces personnes ont ajouté partager les valeurs de Zarqaoui. Ce qui veut dire que près de 7% de la population de Zarqa, pourrait en théorie, adhérer au salafisme-jihadiste», souligne une source s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Le Front d’Action Islamique (FAI), Jamaat al-Amal al-Islami, la branche politique des Frères musulmans, perdrait du terrain face aux factions les plus radicales. «Les manifestations de ce parti rassemblaient par les passé des milliers de protestataires, alors qu’aujourd’hui, elle n’en n’attirent que quelques centaines», ajoute le professeur Masri. L’islam des frères musulmans serait-il en perte de vitesse? Mohammad Zayoud, représentant du FAI à Zarqa, se contente de commenter: «Les salafistes de Zarqa ne font pas de politique, ils existent en marge de la société». Inquiétant, lorsque l’on sait que les salafistes radicaux préfèrent généralement ne jamais se mêler à la société civile, accusée «d’apostasie»… Publié dans Magazine le 23 Avril

Tuesday, February 16, 2010

Tripoli: La Guerre Oubliée

Deux bombes ont été découvertes la semaine passée dans le quartier de Jabal Mohsen à Tripoli. Avec la multiplication des incidents sécuritaires, la capitale du nord est sous les feux de la rampe depuis l’année 2005 et la question des armes revient sur les devants de la scène.

Tripoli fait régulièrement la une des journaux, que ce soit en raison de la guerre de Nahr el-Bared, d’attentats contre des bus transportant des militaires ou des civils, des conflits intercommunautaires entre alaouites et sunnites, ou de discordes claniques. «Avec l’incident de Deir Ammar, le mois passé, nous avons réellement l’impression que l’on tente de ternir l’image de la ville Tripoli», commente Cheikh Bilal Chaaban, chef du parti du Tawhid, proche du Hezbollah. Allusion à la fermeture de la route côtière par des habitants en colère qui protestaient contre les coupures d’électricité.
Selon cheikh Chaaban, le problème majeur auquel la ville se trouve confrontée aujourd’hui peut être attribué à la tension qui prévaut depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005, un crime imputé au régime syrien, ce qui a ravivé par des souvenirs douloureux entre sunnites et alaouites à Tripoli.

La réconciliation entre les diverses factions tripolitaines, initiée en septembre 2008 par l’actuel Premier ministre Saad Hariri et son prédécesseur Fouad Siniora, n’aurait pas engagée les grandes familles ennemies, notamment les Badawi, Kawas, Mrad et Shamra. «Ce rapprochement devrait se poursuivre, surtout depuis la réconciliation entre le Liban et la Syrie, qui s’est cristallisée par la visite du Premier ministre libanais à Damas», met en exergue cheikh Chaban.
Une opinion que partage en partie l’ancien député de Tripoli Mosbah al-Ahdab. «Le processus de réconciliation entamé l’année passée est resté incomplet puisque les armes n’ont pas été ôtées des mains des différentes factions. Le contrôle des armes devrait être uniquement l’apanage de l’Etat», ajoute le député.
A quelques kilomètres du quartier d’Abi Samra, bastion du salafisme au Liban, se dresse Jabal Mohsen, secteur attitré de la communauté alaouite. En cet après-midi, les habitants du quartier s’activent, circulant dans les rues, ou faisant quelques emplettes dans les magasins. Selon Ali, propriétaire d’une petite menuiserie, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée depuis l’attaque aux grenades energa sur un café du coin, il y a près de deux mois. «Les habitants de Jabal Mohsen et du secteur attenant de Bab el-Tebbané (à majorité sunnite) se déplacent facilement entre les deux quartiers depuis quelques semaines», raconte Hamid, le propriétaire d’une épicerie.
Un peu plus loin, à proximité de la bifurcation menant au quartier sunnite de Qobbé, des hommes vêtus de couleurs sombres sont postés aux intersections, semblant surveiller les allées et venues des habitants.
A l’entrée de Qobbé, véritable ligne de démarcation, des immeubles calcinés, criblés de balles, témoignent de la violence des combats ayant eu lieu en 2008 entre les communautés alaouites et sunnites. Ahmad Abboud est le propriétaire d’une pharmacie, récemment rachetée à un alaouite. «Il a décidé de quitter le quartier en raison de l’instabilité qui y règne en permanence», explique-t-il. Selon le jeune pharmacien, seuls les résidents sunnites seraient restés dans ce secteur autrefois mixte, à l’exception de quelques rares familles alaouites.
«Bien que la situation se soit calmée, des conflits éclatent souvent entre des familles des deux bords, se terminant généralement en rixes ou en pare-brises fracassés. Certains en arrivent parfois à dégainer leurs armes sans toutefois tirer», déclare Khaled el-Ali, un ami de Abboud. En possession d’armes, el-Ali insiste cependant sur le fait qu’il ne s’en déferrera pas tant que les partisans de Ali Eid, l’ancien député alaouite «s’accrocheront aux leurs».
Selon une source au sein de l’armée ayant préféré conserver l’anonymat, les deux factions sunnites et alaouites disposeraient d’armes, distribuées à la rue sunnite à la suite de tiraillements entre les habitants de Bab el-Tebbané et de Jabal Mohsen, alors que les alaouites en auraient reçu de l’Armée syrienne avant son retrait du Liban. «Afin de contrôler leur partisans, les chefs des diverses factions ont interrompu le ravitaillement en munitions aux chefs de milices responsables de chaque quartier, ce qui a contribué à réduire la fréquence des conflits, sans que les armes ne soient confisquées», commente la source. Cette dernière ajoute également que le Hezbollah aurait retiré les armes des mains de certains habitants, en les rachetant au prix fort, afin de minimiser les incidents entre familles ou chefs de clans.
Une autre source, cette fois politique, a toutefois ajouté que certains chefs de milice de quartiers auraient changé de veste, abandonnant ainsi le mouvement du Futur au profit du Hezbollah. «Le Hezbollah tente de former une alliance militaire en s’associant à des chefs de quartiers jouissant d’un certain pouvoir», commente la source en citant le nom de certaines familles comme les Hussami, les Allouti et les Assouad.
Dans le secteur de Qobbé, des miliciens en tenue de combat, se détendent en jouant aux cartes. «Ce quartier est une ligne de démarcation, mon grand-père ainsi que mon cousin ont été tués par les alaouites en 1983», raconte Abou Chebab, un milicien portant la barbe typique des salafistes. Son compagnon Abou Chahid, lui, estime que toute discorde entre le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et le Premier ministre Saad Hariri ferait des victimes dans la région qui se trouverait de par son histoire, naturellement impliqué dans le conflit.
«Depuis le retour au calme, le prix de la kalachnikof a certainement baissé. Notre quartier est cependant, en moyenne tous les quatre ans, déchiré par les luttes armées, ce qui laisse présager un renouvellement des hostilités dans les deux prochaines années», ajoute Abou Chebab tout en haussant les épaules, d’un air blasé. Publié dans Magazine le 5 Février.